(Toby Stephens) Arne

Tous avaient quelque chose à dire, des on dit entendus ci et là qu'ils avaient scellés de lèvres commères, délivrés à la première occasion venue: on dit que ce serait le fils de quelqu'un d'important là-bas, d'un conseiller, d'un prens, n'importe quoi celui-là il a rien de grand, il est né dans un village de pêcheurs comme nous, c'pas parce qu'il est le capt'aine qu'il faut aller lui inventer une vie, t'as tout faux, moi j'men souviens de lui quand il était gosse, il parlait bien, trop bien, moi j't'le dis, il était quelqu'un d'important là-bas, et c'est la première fois qu'il rentre au pays, après son arrivée on a plus jamais rejeté l'ancre là-bas, plus jamais j'te dis, le capt'aine Caracci il voulait plus entendre parler de l'Empire du Vent, et surtout pas de Porani, il a voulu nous faire croire que ce lieu était mauvais pour les affaires, mais en vrai, l'vieux Caracci, il avait juste peur de perdre son protégé si jamais on retournait là-bas, et l'petit, il est notre cap'taine depuis à peine un jour qu'on met voile vers ses terres d'origine, c'est louche, il mijote quelque chose, ça sent pas bon pour nous, vous croyez qu'il va vendre le navire, ça s'trouve il va nous vendre, à ses parents importants et il finira avec un pardon pendant qu'nous on aura les menottes ! Vous avez fini ? Et alors, le silence s'abattit pour la première fois depuis plusieurs heures. Plus personne ne dit, n'ajouta ou nia quoi que se soit. Les bras croisés contre lui, le dos appuyé contre l'encadrement de la porte, l'arrière de la tête posé contre le bois, les paupières fermées, le capitaine savoura ces quelques instants ce silence. Il était là depuis un moment et il en avait trop entendu. J'vais vous accorder au moins ça, commença-t-il, vous n'avez pas tout faux. J'suis né parmi ceux que vous appelez les gens importants, mais c'est tout. Je suis né là bas, mais c'est ici qu'j'ai grandis, sur ce navire. Et vous pensez que je vais vendre tout ça contre un pardon de leur part ? Le pardon, c'est eux qui nous supplieront de leur donner, une fois qu'on en aura fini avec eux.